Démocratie, droits de l’homme et développement

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L'Inter - du 22 octobre 2009 par Venance Konan, écrivain journaliste. / Email : venancekonan@yahoo.fr

Je ne peux que dire « bravo » à notre organisation régionale et l’encourager sur cette voie. Certes, on peut s’interroger sur la capacité de dirigeants, très peu démocrates et très peu regardants sur le respect des droits de l’homme, à imposer ces deux valeurs à d’autres pays. Ne l’oublions pas. Les dirigeants de la CEDEAO, ce sont Amadou Toumani Touré, John Atta Mills, Ernest Baï Koroma, Yayi Boni, Yar’Adua, Ellen Johnson-Sirleaf, mais aussi Laurent Gbagbo, Faure Gnassingbé, Blaise Compaoré, Abdoulaye Wade, le putschiste de Mauritanie et Yayah Jameh. Lesquels de ces chefs d’Etat peuvent-ils être considérés comme de vrais démocrates et des hommes respectueux des droits les plus élémentaires de leurs concitoyens ? Lesquels ? Dadis Camara est indéfendable, il n’y a pas de débat sur la question. Et personne de lucide en Afrique n’a accepté le coup de force de Mamadou Tandja pour se maintenir à la tête de son pays malgré sa constitution et malgré le combat héroïque de la classe politique et de la société civile nigériennes. Mais, rappelons-le, en Côte d’Ivoire, lors des législatives de 2000, des femmes ont été sauvagement battues et violées. Et l’on a entendu une femme politique de premier plan déclarer que ces femmes violées l’avaient bien cherché, en allant manifester. Dans ce même pays, en 2002, des escadrons de la mort ont tué impunément des dizaines de personnes ; en mars 2004, une manifestation de l’opposition a été réprimée dans le sang et l’ONU a compté plus de 120 morts, un étudiant du nom d’Habib Dodo et un jardinier du nom de Badolo ont été sauvagement assassinés sans que la moindre enquête n’ait eu lieu pour rechercher et arrêter les meurtriers ; des chefs de guerre ont pillé des banques, des domiciles et des entreprises, assassiné des gens en les enferment dans des containers, violé des femmes, sans être inquiétés. Au Nigeria et au Togo, les élections de Yar’Adua et de Faure Gnassingbé se sont soldées par des centaines de morts ; au Nigeria des membres d’une secte islamique ont été récemment tués ; en Gambie les opposants sont régulièrement assassinés et la presse est muselée ; le chef de l’Etat burkinabé a longtemps traîné une réputation de fomenteur de trouble chez ses voisins, et le fantôme de notre confrère Norbert Zongo le hante toujours ; Abdoulaye Wade veut se faire succéder par son fils et limoge ou emprisonne quiconque veut se mettre en travers du chemin de son rejeton ; des opposants sont tabassés, etc. On pourrait énumérer pendant encore longtemps toutes les violations des droits de l’homme dans notre espace CEDEAO. Et l’on verra bien lesquels de ces chefs accepteront de bon gré d’être sanctionnés par leurs peuples à travers les urnes sans chercher à tripatouiller les élections ou leurs résultats. En Côte d’Ivoire toujours, voici déjà quatre ans que l’on court derrière une élection dont la date ne cesse de reculer comme l’horizon, au fur et à mesure que l’on avance vers elle, parce que des personnes veulent à tout prix s’accrocher au pouvoir sans se soucier le moins du monde du peuple. Lesquels parmi tous ces chefs d’Etat peuvent vraiment donner des leçons de démocratie et de respect des droits de l’homme à Tandja et à Dadis sans faire rire ? Mais tout cela dit, nous, peuples de l’espace CEDEAO, nous devons d’encourager notre organisation à poursuivre sur cette voie. Même si l’on peut légitimement penser qu’elle a agi ainsi pour ne pas être en reste des Européens. Mais il n’est jamais trop tard pour bien agir, et ne boudons pas notre plaisir lorsque la CEDAO s’engage sur la voix du respect de la démocratie et des droits de l’homme. Les intellectuels et les organisations de la société civile doivent inlassablement rappeler à nos dirigeants, mais aussi à nos peuples, que notre continent ne s’en sortira jamais tant que nous n’aurons pas fait de la démocratie et du respect des droits de l’homme des valeurs non négociables. Certes, tout comme la démocratie américaine n’est pas transposable en France ou en Grande Bretagne, la démocratie européenne ou américaine n’est pas non plus transposable comme telle en Afrique. Mais il y a des principes de la démocratie qui sont universels et que nous devons nous approprier. Jimmy Carter, l’ancien président américain et prix Nobel de la paix avait dit une fois que ce ne sont pas les Etats-Unis qui ont inventé les droits de l’homme, mais que ce sont les droits de l’homme qui ont fait les Etats-Unis. C’est le respect des droits des Africains par leurs dirigeants qui fera l’Afrique. Et pour que cela se fasse, il faut que de partout les voix s’élèvent pour dire très fortement « non » lorsque cela est nécessaire, lorsque des évènements comme ceux qui ont meurtri la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Togo ou la Gambie se déroulent. C’est parce que de nombreuses voix se sont élevées partout dans le monde et surtout en Afrique que le sanglant bouffon de Dadis Camara est aujourd’hui condamné à sortir de l’histoire de son pays par la petite porte.

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