Les Ivoiriens disent à Laurent Gbagbo: "On nous a trop trompés !"

Gbagbo Laurent


C’était le 22 décembre 1922. Un article publié dans Trait d’union, la revue alors éditée par la Section française de l’internationale socialiste (SFIO). Plus qu’un article, un cri : «On nous a trop volés». Un cri poussé par un jeune nationaliste ivoirien qui deviendra le père de l’indépendance de notre pays : Félix Houphouët-Boigny.

Près de cinquante ans après notre accession à l’indépendance, les Ivoiriens poussent un nouveau cri : «On nous a trop trompés !». Et ce cri s’adresse à tous les démocrates qui n’en peuvent plus, année après année, mois après mois, semaine après semaine… de voir reporter l’élection présidentielle initialement prévue en… octobre 2005.

Monsieur Gbagbo nous trompe !

C’est Monsieur Gbagbo qui a bien décoré M Mambé pour son excellent travail réalisé. Le président de la CEI est salué par la communauté internationale pour son honnêteté. Il est malheureux que M Gbagbo et le FPI le présentent aujourd’hui comme étant «l’homme à abattre». Ceux qui l’ont vilipendé, humilié et livré à la vindicte populaire savent que c’est ne pas à Mambé qu’ils ont causé du tort mais bien à toute la composante de la Nation Ivoirienne.






Laurent Gbagbo devrait être le garant de la cohésion de la nation, et il est inadmissible que le Président de la République indique à ses partisans d’aller dénoncer des citoyens de façon calomnieuse ; cela démontre qu’il n’est pas digne de sa fonction qui, de surcroît, devient illégalement occupée.


Le camp présidentiel n’ayant pas de bilan veut ressusciter la politique de l’ethnocentrisme et de la xénophobie : c’est là son bilan. Le FPI n’ayant pas de projet fait la catégorisation des Ivoiriens en les traitants d’étrangers. Il prend à témoin le représentant de l’ONU, Monsieur Choi, pour cautionner ses agissements contre M. Mambe, le Président de la Commission électorale (CEI).


L’intrusion du Ministre de l’Intérieur et en même temps Directeur de campagne de M. Gbagbo pour arracher l’organisation des Elections à la Commission électorale indépendante, et les donner aux Préfets qui sont à la solde du camp présidentiel, cela, Monsieur Choi devrait le dénoncer au lieu de se faire complice de M. Gbagbo pour détourner l’accord de Ouagadougou que l’ONU avait cautionné. L’ONU et la Communauté internationale devraient forcer M. Gbagbo de cesser de vouloir se maintenir illégalement à la Présidence et le contraindre à une élection libre et transparente.


Monsieur Gbagbo accuse la CEI de «fraude» et de «manipulation» mais c’est lui qui veut manipuler la CEI en vue de frauder à la prochaine présidentielle. C’est lui qui veut manipuler les électeurs ivoiriens en vue de laisser penser qu’il aura assuré deux mandats présidentiels conformément à la Constitution alors qu’il s’est maintenu au pouvoir par la force, par la ruse, par la corruption. C’est lui qui veut être, encore, au pouvoir le 7 août 2010 pour célébrer le cinquantième anniversaire d’une indépendance qui ne lui doit rien mais qu’il veut s’approprier totalement.


Qui peut être dupe du jeu que ne cesse de mener Gbagbo ? Ni Paris, ni Ouagadougou. A l’issue de son récent entretien avec le président burkinabè Blaise Compaoré, le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, l’a dit clairement (refusant, dans le même temps, de se rendre, comme prévu, à Abidjan) : «Des élections sont organisées dans tous les pays en Afrique. Et quelquefois il y a des réticences parce que certaines personnes ne veulent pas perdre».


Monsieur Gbagbo ne veut pas perdre une élection qu’il ne peut pas gagner. C’est pour cela qu’il nous trompe. C’est pour cela qu’il montre du doigt une CEI qu’il accuse de fraude et de manipulation parce qu’elle est indépendante et qu’il la veut «aux ordres». C’est pour cela qu’il menace, c’est pour cela qu’il expédie, une fois encore, les «patriotes» et autres nervis du pouvoir dans «la chasse aux ivoiriens que fpi considère comme des étrangers». Une fois encore, Gbagbo va provoquer les démocrates ivoiriens, la communauté africaine, la communauté internationale, afin de radicaliser son comportement et de justifier toutes les exactions dont seront victimes ceux qui disent : «Assez, Monsieur Gbagbo, vous nous avez trop trompé».


Nous ne sommes pas dupes. Nous ne l’avons jamais été. Mais nous avons joué, démocratiquement, le jeu politique qui, nous disait-on, allait permettre à la Côte d’Ivoire de pouvoir organiser, enfin, une élection présidentielle libre et transparente. Cela n’avait jamais été le cas au temps du «Vieux», parti unique oblige puis du fait des soubresauts liés à la mise en place du multipartisme. Cela n’a pas été le cas en 1995 et en 2000. Depuis, la République de Côte d’Ivoire vit dans un environnement politique particulièrement flou, même si Laurent Gbagbo affirme qu’il respecte strictement à la Constitution.


Des milliards de francs CFA ont été dépensés pour organiser la présidentielle. Les leaders politiques sont en campagne permanente. Après les médiations «occidentales», on nous a fait valoir qu’une médiation «africaine» ferait avancer bien plus vite les choses. Ouagadougou s’est impliqué dans la «facilitation». En vain. Parce que Laurent Gbagbo ne cesse de nous tromper et de tromper la communauté africaine tout comme il n’a cessé de tromper la communauté internationale depuis son accession au pouvoir.


M. Gbagbo nous trompe !


Il nous trompe quand il laisse penser aux observateurs qu’il veut aller à l’élection, quand il affirme vouloir organiser une élection libre et transparente, quand il affirme que tous les Ivoiriens doivent pouvoir voter, quand il promet à ses partenaires internationaux (et tout particulièrement français) que la présidentielle est pour bientôt.


Monsieur Gbagbo veut gagner la prochaine présidentielle. Or ni son ancrage politique, ni son bilan, ni la situation que vivent sous sa férule (et celle du FPI) les Ivoiriens ne laissent penser qu’il peut, démocratiquement, gagner cette élection. Le temps de GbagboGbagbo c’est le temps de la mainmise sur les médias, sur la vie politique et sociale, l’emprise des «évangélistes» sur une République laïque, le clientélisme politique et plus encore économique. Le temps de M Gbagbo c’est le temps où il nous trompe, toujours et toujours.
M Gbagbo nous trompe !


Quant à l’opposition, elle ne peut, sans doute par peur rester les bras croisés en regardant le Président et son parti laisser se consumer la Côte d’Ivoire. Leur responsabilité à eux aussi est engagée.


Nous avons le couteau sous la gorge depuis de trop longues années. Nous avons besoin, aujourd’hui plus que jamais, du soutien sans retenue de tous ceux qui, en Afrique et dans le monde, sont soucieux du respect des droits de l’homme et des libertés démocratiques, la première d’entre elles étant d’exercer notre droit de vote. M Gbagbo ne veut pas être sanctionné par les urnes. Il l’est déjà par l’Histoire. Il le sera par le peuple ivoirien. Il doit l’être par la communauté internationale. Qui doit dire, avec les Ivoiriens, «Assez, Monsieur Gbagbo, vous nous avez trop trompés !».

DIOMANDE Adama
Président de l’Association pour la Défense de la Démocratie des Libertés (ADDL) France J O n°0046 de 1994 France addl.association@wanadoo.fr

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