La "corruption discrète " en Afrique dénoncée par la banque Mondiale !


La mauvaise gouvernance dont souffrent souvent les pays africains n’est pas seulement le fait de dirigeants prédateurs, amateurs de pots de vin. Elle se traduit aussi par une série d’incivilités qui vont de l’absentéisme des enseignants à la mauvaise qualité des engrais vendus aux paysans en passant par la tromperie sur les médicaments. Cette « corruption discrète » ainsi que la qualifient les auteurs du rapport, inventant ainsi une expression appelée à devenir très populaire, est la face cachée de ce phénomène très nocif pour le développement économique africain. Mais parce que cachée, parce moins dénoncée par les médias ou par les ONG comme Transparency International, parce que moins étudiée jusqu’à ce rapport de la Banque mondiale, elle est aussi plus dangereuse. Les victimes de cette corruption du quotidien sont en effet les plus pauvres, ceux dont la survie dépend de la qualité des services publics de la santé ou de l’éducation, pour ne citer que ces deux secteurs, au cœur de l’étude des experts de la Banque. 


L’absentéisme des enseignants a en effet pour conséquence de réduire le niveau d’éducation des jeunes. La mauvaise qualité des engrais agricoles se traduit par le faible rendement des cultures et donc par une alimentation défaillante. La tromperie sur les médicaments affecte l’état de santé des populations. Dans ces trois secteurs, l’impact de la « corruption discrète » est à long terme. Mal instruits, mal nourris et mal soignés, les jeunes Africains auront plus tard du mal à s’insérer dans une société de plus en plus ouverte sur le monde et où la compétition n’est pas limitée par le cadre géographique.
S’appuyant sur une compilation d’études, les auteurs du rapport de la Banque mondiale font une démonstration implacable de ces dégâts. En 2004, une étude a par exemple démontré que 20% des instituteurs des écoles primaires des zones rurales de l’ouest du Kenya n’étaient pas à leur poste, dans leur salle de classe, pendant les heures de cours. Et même lorsqu’ils sont face à leurs élèves, les enseignants africains ne donnent pas le meilleur d’eux-mêmes. En Ouganda, le même genre d’étude a abouti à des conclusions similaires. Pour ce qui est des engrais, 43% des produits vendus en Afrique de l’Ouest dans les années 1990 ne correspondaient pas à la fiche descriptive. Conséquence, les agriculteurs se détournent de ces produits. 

Dans le secteur de la santé, la petite corruption peut aussi avoir des effets ravageurs. Au Tchad, la quasi-totalité des fonds alloués par le gouvernement aux hôpitaux disparaît avant d’avoir atteint leur destinataire final. Au Kenya, seulement 62% des sommes budgétées arrivent dans les caisses des établissements de santé. Dans les zones rurales, le degré de compétence des responsables des services de santé est considéré par la Banque Mondiale comme très faible. Et il y a une corrélation entre les indicateurs de corruption et les données relatives à la mortalité infantile et juvénile ! 
Seule bonne nouvelle de ce rapport affirment les auteurs, il y a un remède : c’est l’engagement des autorités. En assignant des objectifs clairement définis aux fonctionnaires, aux enseignants, en contrôlant effectivement le respect de ces directives, des améliorations substantielles peuvent être obtenues. Mais bien sûr, rien ne sera possible si l’on n’éradique pas la grande corruption qui contamine l’ensemble des sociétés où elle est à l’œuvre.

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