« Nous sommes là parce que des violences à grande échelle ont été commises, ajoute Fatou Bensouda. Ce devait être un moment historique, la première présidentielle en dix ans, et en trois jours le pays a sombré dans une situation de division et de haine ».
Fatou Bensouda et son équipe accusent l’ancien président ivoirien et son entourage d’avoir adopté un plan pour se maintenir au pouvoir coûte que coûte, et d’avoir poussé les forces pro-Gbagbo à commettre des attaques systématiques contre les civils jugés fidèles à son rival, sur la base de critères ethniques, religieux, ou de nationalité. Le bureau du procureur accuse donc Laurent Gbagbo de crimes contre l’humanité, notamment de meurtres et de viols commis par ses forces.
L’intéressé n’a pas bronché. Il aura passé ces trois heures d’audience entrecoupées de pauses à écouter attentivement. L’accusation promet de fournir des preuves au cours des prochains jours, des extraits de témoignages, de vidéos, des rapports de l’ONU et d’ONG, et des documents saisis dans la résidence présidentielle.
Bataille de procédures
La plus grosse partie de cette audience était consacrée à un débat de procédures qui a été provoqué par la défense. Celle-ci a essayé en vain d’obtenir un troisième report de cette audience, en dernière minute. Elle a essayé de faire valoir que l’affaire Gbagbo n’était pas recevable devant la CPI et ce en vertu du principe de complémentarité selon lequel la CPI ne peut se charger de rendre la justice que lorsque les Etats n’ont ni la volonté ni la capacité de le faire eux-mêmes.
Or la Côte d’Ivoire a la capacité et la volonté de le faire, selon la défense, qui a souligné que des poursuites avaient bien été lancées en Côte d’Ivoire contre les plus hauts responsables, y compris Simone Gbagbo et Charles Blé Goudé, que la procureure cite abondamment comme co-auteur des crimes avec Laurent Gbagbo.
Près de 400 partisans de Laurent Gbagbo ont fait le déplacement devant le tribunal de La Haye pour dénoncer la tenue de ce procès et demander sa libération.
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